mardi 18 décembre 2012

Jouets toxiques : nouvelles normes européennes en 2013


Jouets dangereux, toxiques, cancérigènes, le sujet est récurent à Noël. Et les informations arrivent en vrac dans les magazines et les émissions grand public, nous laissant une impression désagréable de gâter nos enfants (au sens propre), et d’être dépassés par la question, voire de nous faire berner.

Peut-on faire confiance au CE ?
Le sigle européen CE, que nous trouvons appliqué sur tous les jouets mis sur le marché, garantit que le jouet a été soumis à des tests de conformité aux normes de sécurité européennes (Voir mon post de janvier 2010). On lit souvent que l’on ne peut pas s’y fier, le fabricant appliquant lui-même ce marquage. Mais il est a priori impossible d’importer des jouets en Europe sans les accompagner d’un certificat de conformité établi par un laboratoire, et comme plus de 80% des jouets en France viennent d’Asie, il a bien fallu franchir la frontière et présenter leurs certificats aux autorités. On nous montre d’ailleurs souvent, aux infos, des douaniers qui prélèvent des jouets et font des contrôles surprises, et bien sûr le sujet est plus télévisuel s’il révèle une fraude et nous permet de nous indigner. Mais quelle est la proportion de produits non conformes, saisis ou  détruits ? Voilà l’information que nous aimerions avoir. Suis-je très naïve ? Des fraudeurs, il y en a forcément, mais des contrôleurs aussi, et même des fabricants scrupuleux.

Les nouvelles normes européennes : plus permissives ou plus strictes ?
Depuis plus de 20 ans que les normes européennes ont été établies, des jouets tout à fait nouveaux sont apparus, avec une majorité de jouets numériques, et les recherches physiques et chimiques ont permis de développer de nouveaux matériaux et parallèlement les connaissances que l’on a sur la toxicité de certains produits. Il faut donc en permanence faire évoluer les normes. En juillet 2013, les normes chimiques changent. De nouveaux composants chimiques, surtout des métaux lourds, vont être soumis aux analyses (une manne pour les laboratoires ?) d’une part, et d’autre part les seuils de tolérance ont été modifiés. Plus stricts ? Non, plus hauts. Par exemple pour le plomb, la nouvelle valeur limite, fixée à 160 milligrammes par kilogramme, est deux fois plus élevée que celle de la directive précédente. 

Mais pourquoi ? Alexander West, ingénieur chimiste, que nous pouvons voir mardi 18 décembre 2012 sur ARTE explique : « L’ancienne directive européenne et la nouvelle s’appuient sur des principes différents. La première prenait comme postulat que toutes les substances libérées par les jouets peuvent théoriquement être absorbées par notre organisme. Tandis que selon la nouvelle directive, toutes les particules nocives ne sont pas assimilées par le corps. Cette hypothèse s’appuie sur un modèle de calcul plus complexe, qui se rapproche certainement davantage de la réalité. »

                                                    
On n’y comprend rien !
Les normes, pas faciles de les trouver, et ensuite, pas facile d’y comprendre quelque chose. Vous voulez un exemple ? Voici un extrait (choisi avec délectation!) de la directive 2009/48/CE relative à la sécurité des jouets :
Composés organostanniques Peintures
Ne peuvent être mis sur le marché en tant que substances et composants de mélanges destinés à être utilisés en tant que biocides dans des peintures à composants non liés chimiquement.
Les composés organostanniques trisubstitués tels que les composés de tributylétain (TBT) et les composés du triphénylétain (TPT) ne peuvent être utilisés dans les articles où leur concentration dans l’article ou dans une partie de l’article dépasse l’équivalent de 0,1 % en poids d’étain.
Les composés du dibutylétain (DBT) ne sont pas utilisés après le 1er janvier 2012 dans les mélanges et les articles destinés à être délivrés au public lorsque leur concentration dans le mélange, dans l’article ou dans une partie de l’article dépasse l’équivalent de 0,1 % en poids d’étain.
95À titre dérogatoire, les dispositions des points a) et b) ne s’appliquent pas avant le 1er janvier 2015 aux articles et mélanges suivants destinés à être délivrés au public: mastics (RTV-1 et RTV-2) et adhésifs de vulcanisation à température ambiante monocomposants et bicomposants, — peintures et revêtements contenant des composés du DBT en tant que catalyseurs en cas d’application sur les articles, — profilés en chlorure de polyvinyle souple (PVC), seuls ou coextrudés avec du PVC dur, — tissus revêtus de PVC contenant des composés du DBT en tant que stabilisants en cas d’utilisation à l’extérieur, — descentes d’eaux pluviales, gouttières et accessoires extérieurs, ainsi que matériau de couverture pour toitures et façades.
À titre dérogatoire, les dispositions des points a) et b) ne s’appliquent pas aux matériaux et aux articles régis par le règlement (CE) no 1935/2004.

Bon, alors, on fait confiance aux associations de consommateurs, aux labos, aux commissions de l’UE, à nos représentants européens ? Comment faire autrement ? Mais on reste vigilant !

Vigilance, mais ne pas tout mélanger, comme l’éthique et la sécurité

Les articles sur la sécurité des jouets se concluent en général par un appel à la vigilance des parents. Et hop ! On plonge dans les clichés, les formules qui mélangent tout : Fabriqué en Chine  = fabriqué à moindre coût sans respect des normes = fabriqué par des enfants = danger pour nos enfants. Ou bien fabricant = industriel sans scrupules = pollution = jouets toxiques. Soyons donc également vigilants sur les amalgames, chimiques comme médiatiques.

Mais j'ai une suggestion à faire, le jouet de l'année 2013 : Un coffret de petit(e) chimiste qui permettrait de tester soi-même ses jouets. On pourrait même le prêter à ses parents.

jeudi 13 décembre 2012

Fête de Sainte Lucie, fête de la lumière


Aux jours les plus courts les lumières en fête
Il fait encore nuit, il fait déjà nuit…
Décembre et ses jours de plus en plus brefs.  Décembre et ses fêtes de la lumière.

Santa Lucia de Syracuse à  Göteborg

C’est grâce à Hélène et Etta, venues étudier le français à Paris, que j’ai découvert cette jolie fête. Le 13 décembre, une procession de jeunes gens et de jeunes filles vêtus de blanc, les garçons avec des chapeaux pointus couverts d’étoiles, les filles avec de couronnes de bougies, posées sur leur longs cheveux,  chantant Sankta Lucia, à l’Église Suédoise. Vin chaud et gâteaux au gingembre pour tout le monde, en plus. Une bien jolie chanson.




En Italie comme en Suède

Sautant pour je ne sais quelle raison par dessus la France et quelques pays alentour, la tradition des couronnes de bougies et des chapeaux étoilés se transmet de générations en générations en Italie -particulièrement en Sicile, dont Sainte Lucie serait originaire- comme dans tous les pays scandinaves -et surtout en Suède. Dans chaque famille, le 13 décembre au matin, tous les enfants sont habillés de blanc, une ceinture rouge à la taille des filles, et la plus jeune, la couronne allumée sur la tête, apporte une tasse de café à chacun, en commençant, dit-on, par les hommes. Une bien jolie histoire est sûrement à l’origine de si jolies pratiques.

Des histoires à ne pas raconter aux enfants

En réalité, la légende de Sainte Lucie, ou plutôt les légendes, car il y a de multiples variantes, est une histoire terrifiante de vierge se refusant à son amoureux. Il y a une mère malade, une guérison, l’intervention de Sainte Agathe. Il y a un fiancé très déçu car la dot de Lucie lui échappe quand elle décide de tout donner aux pauvres. Il y a la société qui s’en mêle et n’admet pas qu’elle rompe ainsi ses engagements. Elle sera punie et livrée à tous les hommes comme une prostituée. Sauf qu’elle devient si lourde qu’on n’arrive pas à la soulever, alors elle sera brûlée, mais le feu ne prend pas…
On raconte aussi que son fiancé la supplie, ne comprenant pas pourquoi elle le rejette. Qu’aimes-tu donc chez moi ? dit Lucie. –Tes yeux, j’aime tes yeux. Alors Lucie s’arrache les yeux, et les jette à la mer. En Sicile et en Corse on trouve de jolis coquillages qui s’appellent Les Yeux de Lucie.


Pourquoi donc ces bougies ? Pour symboliser le feu qui ne prend pas, disent les uns, parce que Lucie, même aveugle, y voit encore et reste auréolée de lumière, disent les autres… Mais la chanson parle de la lourdeur de la nuit, des menaces de l'ombre. Les fêtes de décembre tournent depuis toujours autour de l’angoisse des jours de plus en plus courts, du soleil de moins en moins présent, de la nature endormie. C'est Lucie, dont le nom signifie lumière, que l'on fête, et non la sainte, vierge et martyre, Lucie dont la fête tombait le jour du solstice d'hiver avant la réforme du calendrier grégorien.
La nuit avance à pas lourds
Autour de la cour et de l'âtre
Alors que le soleil quitte la terre
Les ombres menacent.
Là, dans notre maison sombre
Marchant avec des bougies allumées
Sainte Lucie, Sainte Lucie !

Fêtes païennes et religieuses 

Une fois encore se mêlent dans une fête traditionnelle le païen et le religieux. Comme les bougies dans le sapin, la bûche qui brûle toute la nuit de Noël, la galette des rois qui représente le soleil revenu. Ou même Hanoukka avec son chandelier à 8 branches. Au-delà des symboles religieux, les cierges, les lampes à huile, le feu, les étoiles, tout ce qui peut remplacer le soleil. La lumière, c’est si joli, et elle nous manque tant en décembre. 


Une fois de plus les rites qui se font écho d'une maison à l'autre, d'un pays à l'autre, s'apparentent à des jeux dont tous connaîtraient la règle et partageraient le plaisir.

mardi 4 décembre 2012

Abondance de jouets sonores. Jeu = bruit, bruit = jeu ?


C’est un paradoxe, les adultes trouvent les jeux des enfants trop bruyants, les prient d’aller jouer ailleurs, plus loin, pour ne pas les entendre, mais, lorsqu’il s’agit de leur offrir des jouet, se laissent séduire par la surenchère de gadgets sonores.
C’est comme s'ils posaient cette équation :
Jeu = Bruit, donc Bruit = Jeu

La plupart du temps, les illustrations sonores, bruitages, onomatopées ou phrases toutes faites, n’apportent rien au jeu. Petites merveilles technologiques, elles amusent et fascinent par leur « magie », mais, prenant la parole à la place du joueur, elles l’en privent aussi. Mieux vaut faire soi-même « broum broum » et « tut tut » en poussant sa petite voiture, et faire pour de faux aboyer ou miauler son animal en peluche.

Pour jouer à la poupée,  a-t-on besoin qu’elle parle ? Au banc d’essai de Parents une sélection de « poupées interactives pour les petites filles de 3 à 6 ans ».





Ce n’est plus aux enfants (en passant notons qu’il ne s’agit ici que de jeux conseillés aux seules petites filles) d’inventer leur histoire, le scénario est intégré à la poupée. Celle-ci  réclame son biberon ou des bisous, en français, anglais ou italien (Lia de Corolle), celle-là a de la fièvre et « la maman » va lui donner un médicament, ou lui faire une piqure  pour qu’enfin elle s’endorme (Ciccio Bello de Giochi Preziosi, le Coup de cœur de Parents), celle-là invite sa maman à la dînette, et lui explique « pour jouer, il faut mettre la table » (Little Sunshine de Zapf), une autre fait ses premiers pas en promenant son chien. Des capteurs sur le ventre des poupées permettent de les faire réagir aux chatouilles. Rires d’enfants, bruits de succion, petit rot après le biberon, pleurs du bébé malade, cris lors de la piqure, tout est prévu. Sauf que la poupée réclame le pot mais, ayant un corps en tissu, semble garder son body pour faire pipi, et que jamais un bébé ne fait caca ou n’a besoin d’être changé. Scénarios tout faits, donc, mais qui mériteraient d’être analysés, bien gentils et bien proprets. 
La journaliste Christine Avellan remarque néanmoins que plus il y a d’accessoires plus il y aura de possibilités de jeu, sans bruits préfabriqués, donc, et qu’il y a un bouton d’arrêt pour Ciccio Bello, le bébé malade, ce qui ne semble pas le cas pour les autres poupées. Appuyez sur Off, vous pourrez enfin jouer comme vous le voulez avec votre poupon.  

Et je coupe le son
Voilà une bonne question à se poser : est-ce qu’on peut diminuer ou couper le son ? Ce n’est pas toujours possible, d’autant moins que les piles et les mécanismes électriques, pour des raisons de sécurité, ne doivent pas être accessibles. Déjà en octobre 2004 une équipe canadienne, en relation avec un audiologiste, attirait l’attention des consommateurs sur les dangers d’un volume sonore trop élevé pour les jouets. Depuis le nombre de jouets sonores a très nettement augmenté, mais le nombre de décibels ne semble pas avoir baissé, bien que les nouvelles normes, annoncées en 2010, soient maintenant entrées en vigueur.

Combien de décibels ?

D’après 60 Millions de Consommateurs, dans un article intitulé Ces jouets qui nous cassent les oreilles, les limites fixées par les normes européennes en vigueur sont 115 décibels (dB) pour un jouet standard, 80 dB pour un jouet « à mettre près de l’oreille » (un faux téléphone, par exemple). Une proposition de loi au Sénat fixerait un maximum de 85 dB pour les jouets musicaux, mais c’est déjà énorme : la voix d’une personne qui hurle atteint entre 80 et 90 dB. Et 115 dB c’est entre le moteur d’un TGV et celui d’un avion. Autant ne pas normaliser si c’est pour atteindre la limite du supportable.

Écoutez voir
60 Millions de Consommateurs a étudié une vingtaine de jouets sonores qu’il est possible d’écouter sur le site.


Un trousseau de clés, par exemple, le jouet classique des petits, qui aiment sans doute autant le cliquetis des clés qui s’entrechoquent que la connotation symbolique. Vous êtes dans une salle d’attente avec un jeune enfant, vous n’avez pas prévu de quoi le faire patienter, vous sortez vos clés, c’est gagné, le voilà occupé pour un bon moment. Clés de la maison, clés de la voiture, clés de la prison, bref clés pour un jeu imaginaire improvisé. Broum, je démarre, Clic clac, je te libère. Pourquoi donc ajouter des sons ? Des bruits de moteur, de klaxons, de nuisances urbaines ?

Sur France Inter une émission au titre prometteur : Les meilleurs jouets du moment, le 28 novembre dernier, nous fait entendre les gémissements d'une peluche Fluffings. Certes c’est une sélection pour la radio, il faut bien que ça s’entende, mais heu… Quant à Diane Mottez de Femme actuelle, elle met en garde les parents contre les jouets trop bruyants, mais elle écrit « Les tout-petits en raffolent, les parents ont du mal à les supporter. » Je me demande si ce n’est pas le contraire…

mercredi 14 novembre 2012

Pourquoi j’aime « Le dentier de Mamie » de Lego


A priori, étant moi-même grand-mère, cette pub aurait dû me faire grincer des dents… On y voit deux garnements, très charmants, bricoler avec des Lego le dentier de leur Mamie, celle-ci apparaît en haut de l’escalier avec un sourire multicolore et des yeux malicieux, trébuche et tombe sur les constructions Lego que les petits diables ont laissé traîner sur le tapis. À nous de choisir la suite de l’histoire, selon que la grand-mère tombe sur la maison, le vaisseau ou l’ambulance.

On pardonne tout à la créativité.

Moi ça m’a fait rire. Par deux fois les publicitaires, sous couvert de demander le pardon des enfants, posent la question des limites qu’il faudrait imposer à la créativité et s’excusent de leur audace: « Êtes-vous prêts à tout leur pardonner ? » « On pardonne tout à leur créativité ».
Dans les années 70, je me souviens d’une  image– ou l’ai-je inventée ?- où l’on voyait un enfant sortir de son parc en se construisant un escalier en Lego, pour montrer que Lego développe la créativité des enfants. Moins provocateur, mais la transgression était déjà là, et j’aimais ça.

Lego revient à ses fondamentaux

Les lego, et la révolution ludique qu’ils ont entraînée, les petites briques remplaçant les Mécano de mon enfance, je les ai presque vu naître.
Au départ, l’accent était mis sur l’invention. Les enfants pouvaient même envoyer des photos de leurs créations à Lego et recevaient un diplôme de créativité. Mais pour le marketing, mieux vallait des maquettes à reproduire, et l’esprit d’invention s’est peu à peu perdu. Il fallait être plus habile de ses mains que créatif, et la maquette une fois réalisée était plutôt destinée à trôner sur une étagère qu’à servir de point de départ à des jeux imaginaires. Lego vend encore des boites à thème, plutôt que de simples briques : la villa, l’ambulance, le Ninja. Mais les maquettes entrent cette fois dans le jeu : quand la villa se retrouve accrochée aux dents de la Mamie, les enfants ajoutent de personnages sur la terrasse, pour ce qui est de la construction Ninja, c’est la grand-mère qui s’en empare pour « faire peur » à ses petits-enfants, quant à l’ambulance, elle est affublée d’une décoration surprenante. Ouf !

Un pied de nez aux « ludo-éducatifs » et aux « jeux de genre ».

Jouer, ce n’est pas cliquer sur une proposition parmi deux ou trois autres, ni entrer dans une histoire préétablie. J’aime la malice avec laquelle on nous invite à cliquer sur une des trois possibilités : selon que la grand-mère tombe sur un jouet ou l’autre. On s’attendrait à ouvrir une fenêtre sur une fiche produit, en fait on retient à peine le nom de la maquette. Le jeu, c’est l’inattendu. On remarquera au passage que ce petit garçon et cette petite fille n’attachent aucune attention au fait qu’ils ont devant eux un jouet « de fille », un jouet « de garçon » et un jouet « unisexe », ils jouent avec tout indifféremment, ouf encore !

Malice, complicité, tendresse

Cette séquence se situe dans une ambiance si douce, avec ces enfants qui jouent sans bruit, au petit matin, pour ne pas réveiller les adultes, dans un joli salon. Ils ont l’air de tellement l’aimer, cette grand-mère qui a le sens des blagues et sourit de leur farce. Ça fait plutôt envie, cette complicité intergénérationnelle, on sent que les enfants de la dame, les parents des enfants, soupireraient avec indulgence. Ça saute une génération, ces gamineries-là !

Peut-on (se) jouer de tout ?

Les relations complices entre grands-parents et petits-enfants, on en trouve dans bien des pubs. Mais là on n’est plus dans le réel, on est dans le jeu. On dirait que ce serait possible de trafiquer un dentier avec des Lego. Elle me fait penser au grand méchant de James Bond qui a des dents métalliques cette grand (mère) gentille. On peut se permettre des invraisemblances, puisque c’est pour de faux. De même que les enfants jouent à avoir peur de la grand-mère Ninja, nous jouons avec les publicitaires, à avoir peur des outrances du jeu et des bêtises des enfants. Les autres images de la campagne d’octobre 2012 montrent un bac à fleur dévasté et un oiseau libéré de sa cage. On joue, on parle du jeu, on peut donc être politiquement incorrect. C’est très soft quand même. Ce n’est pas Carmageddon, le jeu où il faut écraser le plus de piétons possible !

Il n’y a pas d’âge pour jouer… au Lego

Il est clair que les Lego inspirent des créatifs dans des directions parfois mortifères, du simple pistolet que tout enfant se construit avec quelques briques aux cimetières hantés d’Halloween que créent de grandes personnes. J’aime bien ça, la grand-mère qui joue avec les Lego, et toutes ces créations d’adultes qu’on trouve dès qu’on fait une recherche d’images Lego. 
Souvent ce sont des maquettes géantes, comme ce lion devant la bibliothèque de New York. 
La campagne précédente de Lego ne montrait pas des réalisations surdimensionnées, au contraire elle proposait un jeu a minima. En superposant quelques briques de couleur, on représente des personnages connus qu’il faut reconnaître. Un jouet pour tous, je vous dis.

vendredi 12 octobre 2012

Anthropomorphisme et bestiaire de saison



La citrouille était un navet
Jack’o Lantern, un ivrogne irlandais, se trouva à plusieurs reprises face au diable, qui, bien entendu, voulait prendre son âme. Une première fois, dans un pub, il demanda au diable de lui payer un dernier coup avant de lui donner son âme. Le diable se transforma en une pièce de monnaie pour régler la note, et hop ! se retrouva coincé dans la poche de Jack par une petite croix d’argent. Il palabra et obtint que Jack le libère, lui accordant en échange de sa liberté un sursis de 10 ans. Dès que le délai fut passé, le revoilà, en plein milieu d’un champ, réclamant l’âme de Jack ! Aide moi d’abord à attraper cette pomme, demande Jack en le hissant sur son dos. Le diable s’empare de la branche de pommier, et Jack pendant ce temps grave une croix sur le tronc de l’arbre. Coincé maintenant dans le pommier, le diable ! Il jure alors de ne jamais prendre l’âme de Jack, qui efface la croix sur le tronc. Jack vit enfin tranquille, mais toujours ivrogne, c’est pourquoi il se voit refuser l’entrée au Paradis à sa mort. Il veut donc rentrer en Enfer, mais le diable ne peut l’accueillir sans se parjurer. Jack est condamné à errer dans les ténèbres. Le diable, plutôt gentil, lui donne une braise du feu de l’Enfer pour faire un peu de lumière. Jack évide un navet, qu’il était en train de grignoter, pour déposer la braise à l’abri du vent et s’en faire une lanterne.
La tradition celte est d’aller de maison en maison avec une lanterne creusée dans un navet, pour la fête de Samain, aux derniers jours d’octobre, par empathie avec tous les trépassés, à moins que ce ne soit par peur de les rencontrer.
Emigrant massivement vers l’Amérique, au milieu du XIXème siècle, suite à une grande famine, les irlandais emmenèrent avec eux la tradition de Jack’o Lantern, mais, ne trouvant pas de navets, les remplacèrent par des citrouilles. Photophores improvisés, troués de manière à laisser passer la lumière, et les faces rigolotes ou inquiétantes sont apparues. 


Visite du zoo au rayon fraicheur




Les légumes  et les fruits d’automne se prêtent bien au jeu des métamorphoses. Ce poireau aux cheveux emmêlés, cette aubergine albinos au milieu de la foule des aubergines couleur aubergine, ce radis noir qui a une longue queue de rat, cette pomme de terre avec un gros nez, cette poire joufflue.

Il faut jouer avec la nourriture !
Il y en a toujours un qui échappe au calibrage, heureusement, et c’est celui-là qui nous interpelle. On voudrait lui ajouter un regard, une bouche, accentuer un caractère, mettre en valeur sa personnalité. Avec les clous de girofle, on fera vite des yeux, des dents peut-être, et on pourra aussi fixer des éléments, un morceau de poivron pour les lèvres, deux feuilles d’endive ou de chou pour lui faire des ailes ou de grandes oreilles… Le jeu consiste à inventer des personnages, des animaux, en n’utilisant que des produits consommables ou au moins naturels, comme par exemple des brochettes en bois, ou des baguettes chinoises pour animer ces marionnettes. Naturels et propres.

La soupe surprise anthropophage
Personnages ou animaux, imaginaires et éphémères, vous passerez en effet à la casserole à la fin du jeu ! Dans notre chaudron, rempli d’eau bouillante, nous ferons cuire choux et pommes de terre, carottes et oignons, navets et potimarons, oh la bonne soupe  de sorcière ! Dans un autre les pommes, les poires et les cerneaux de noix, avec un peu de sucre, miam la bonne compote ! Chiche ! Ce sera forcément bon, puisque c’était beau.

Illustrations Play with your food de Joost Elffers


mardi 28 août 2012

L’école, le restaurant et les enfants perdus.





Ecouter les enfants jouer. « On serait des enfants abandonnés ». « On aurait perdu nos parents ». « Asseyez-vous, je vous ai fait une soupe et un petit café ». « C’est toi la maîtresse et moi je suis le mauvais élève ». Cours de dessins chez les schtroumpfs : la schtroumpfette pause et les autres font son portrait, le prof s’arrache les cheveux (si tant est que les schtroumpfs aient des cheveux)…
Voilà les thèmes qui reviennent le plus souvent  dans les jeux dits symboliques: les orphelins, le restaurant (avec une variante « marchande ») et, même en vacances, l’école.

Jeux d’imitation, jeux de mise en scène, où l’on se joue gentil ou méchant (trop sévère ou très désobéissant, c’est selon),  heureux ou malheureux (pauvre, de préférence), enfant ou adulte.

Chez les orphelins, point d’adultes. On apprend à se passer d’eux, même si c’est triste. On joue à être des enfants obligés, par la force des choses, à se comporter comme des adultes responsables. Et on est pauvres. Si un adulte apparaît, ce sera une marâtre détestable.


Au restaurant, point d’enfants. Et, sinon le luxe, du moins un confort certain. Le vouvoiement est de rigueur, on s’appelle Monsieur et Madame et on se tient bien. Si un « enfant » se glisse dans le jeu, ce sera un affreux Jojo pleurnicheur et insupportable. (Je ne parle pas ici du jeu qui consiste à offrir de faux cafés aux vrais adultes, mais de ces moments où les enfants sont entre eux, et où les adultes ne sont pas les bienvenus).

A l’école, c’est souvent l’autorité qui est en jeu. Et dans cette forme de jeu chacun joue un personnage peu sympathique : l’enseignant qui crie et punit, l’élève qui chahute, répond, et n’apprend rien. Dans ce joyeux désordre, personne ne souhaite tenir le rôle du Schtroumpf à lunettes, moralisateur et trop appliqué.

En revanche, dans le jeu dit « de la maîtresse » c’est du sérieux. Cahiers, dictées, calcul, notes, tout y est. Les enfants qui jouent les élèves s’appliquent et, s’ils font semblant de ne pas avoir compris ou de faire des bêtises, c’est dans la limite du vraisemblable et dans le respect du professeur des écoles.
J’ai déjà vu des garçons jouer le rôle de l’enseignant compétent, mais c’est plus souvent un jeu de filles, peut-être parce qu’il y a plus d’institutrices que d’instituteurs, peut-être parce que le jeu s’appelle ainsi, « jeu de la maîtresse ». C’est comme le jeu « de la marchande », qui se réduit le plus souvent au rôle de caissier ou caissière ; on ne dit pas « le jeu de la boutique » ou « le jeu du magasin », non, on dit "la marchande" : comme si seules les filles aimaient tenir la caisse. Où va se cacher le sexisme.


Jouer à l’école, si on fait une recherche sur Internet, cela nous mène principalement à des réflexions sur l’utilisation pédagogique du jeu. Pour jouer à être à l’école, il faut chercher « jeu de la maîtresse ». On trouve alors différentes boites avec des accessoires comme de petits cahiers, des carnets de note, des cartes de géographie, etc. Le premier jeu contemporain édité sur ce thème est Si j’étais la maîtresse aux éditions Amulette. Quand j'étais petite, j'aimais jouer avec les petits cahiers et les bons points des poupées des années 50. On peut voir l'évolution de l'enseignement en faisant l'inventaire des coffrets actuels et de ceux des grands-parents. Finis les cahiers de brouillon mais les fiches de contrôle, les emplois du temps et les menus de cantine sont apparus. Sans pour autant, et c’est ça qui est bien, se substituer à l’imaginaire enfantin. A chacun(e) de créer sa classe avec ces objets en miniature.
On trouve parfois dans les accessoires des lunettes imposantes, on dirait que cela fait partie de la panoplie de la bonne institutrice. Mais, pire, certains jeux en ligne (jeux-filles.fr), consistent à trouver, pour la maîtresse, quelle sera la bonne tenue, pour se présenter devant ses élèves à la rentrée.

Sur cette page tu vas jouer au jeu Ecole Maîtresse, un de nos meilleurs jeux de ecole gratuit !!! Cette jeune femme a réussi le concours du CAPES avec succès et s'apprête à donner ses premiers cours de français! Afin de ne pas être paralysée de peur devant des élèves qu'elle ne connait pas et d'être bien dans sa peau, elle a choisi de revêtir un look de circonstance! Aide la à se préparer. Modifie sa coiffure puis sélectionne une tenue parmi les robes et les ensembles disponibles. Coordonne des bijoux ainsi que des chaussures et un sac. Ajoute lui des lunettes!

J’ai écrit « pire » mais, si certains enseignants me lisent, ils conviendront que c’est un de leurs soucis en cette fin de vacances, comme pour la plupart d’entre nous, qui allons affronter le regard des clients et des collègues… Comme pour les enfants aussi. L’angoisse de « comment je vais m’habiller pour la rentrée ? » justifie peut-être le jeu. 


http://www.jeuxanciensdecollection.com/article-quand-les-jeux-nous-ramenent-a-l-ecole-communale-70228111.html



lundi 23 juillet 2012

Une course au trésor

Il faisait beau, nous étions une douzaine, dont huit jeunes enfants, et nous avons improvisé une chasse au trésor.
Bien sûr aucune recette ne peut être appliquée à la lettre, il faut s’adapter au nombre de joueurs et à leur âge, au lieu, au temps, et puis on invente avec ce qu’on a sous la main. Mais comme c’était réussi, autant vous en faire profiter !
 
Ingrédients :
- un jardin, du soleil (c’est déjà compliqué !)
- du papier et 2 feutres de couleurs différentes pour écrire les messages, et des enveloppes
- de quoi bricoler : colle, carton, feutres ou craies, plumes, perles, laines de couleur, agrafeuse et ciseaux (de préférence coupant bien mais à bouts ronds)
- un trésor (fausse pièces et faux billets, bijoux ou friandises)

Les étapes :
D’abord, l’histoire. Là, il y aurait deux peuples, celui de la forêt (vert) et celui de la rivière (bleu), à la recherche de nourriture. 
Avant de partir à la chasse, il faut se parer. Trouver des plumes, des perles, des feuillages, dans le jardin, pour décorer les coiffes en carton, se faire des colliers ou des bracelets, et puis le maquillage –khôl et rouge à lèvres pour  se peindre le visage.  Les parents aussi, qui auront un rôle dans l’histoire.
Et les voilà partis de point en point, d’indice en indice, d’épreuve en épreuve, à la recherche du trésor.
Les énigmes et les épreuves devaient être difficiles pour les grands et accessibles aux petits, car, comme c’est souvent le cas, les enfants n’avaient pas tous le même âge ou les mêmes compétences.

Même avec certaines devinettes dessinées plutôt qu’écrites (pour ceux qui ne savent pas encore lire), il y a toujours un leader qui s’empare du message et part en courant, sa troupe à ses trousses. Mais si on le reprend à chaque fois, on casse l’ambiance. L’astuce, c’est de faire des épreuves où tous participent, et où les plus jeunes sont indispensables. Nous avions sous la main un tunnel Ikea très étroit, dans lequel nous avons caché un de nos messages : seul le plus petit de chaque équipe pouvait s’y faufiler.

Pour l'épreuve de tir à l’arc et l'autre, de pêche à la ligne (j’ai oublié les trombones dans les ingrédients, très pratiques pour les anneaux des poissons et les « hameçons » des cannes à pêche), les plus grands tiraient de plus loin, ou pêchaient debout, alors que les plus maladroits pouvaient  s’approcher de la cible ou des poissons, tout simplement.
Une fois chaque épreuve passée, chacun recevait un morceau de puzzle à conserver soigneusement.

Les deux groupes se croisaient, cherchant de nouveaux indices qui les conduiraient à la prochaine épreuve, mais les Verts ne devaient pas toucher aux enveloppes des Bleus et réciproquement. En chemin, les Verts et les Bleus devaient réunir une liste d’ingrédients à apporter au Grand Manitou : limace, fleur jaune, petit caillou, coquille ou plume d’oisillon…
C’est donc naturellement qu’ils se sont retrouvés autour du sorcier préparant une mixture, puis les invitant à « fumer le calumet de la paix », fabriqué avec une petite branche, un bouchon, une plume et un fil de laine…

A l’issue de cette cérémonie joyeuse, tous ont réuni leurs morceaux de puzzle pour reconstituer une carte qui les a menés à un délicieux trésor, une boite pleine de petits bonbons sucrés de toutes les couleurs, comme des perles.

Ce jeu est un succès si
-on ne se mélange pas en cachant les messages qui mènent d’un point à un autre
-on aide les enfants seulement à leur demande (parfois ce sont juste les messages qui sont mal écrits)
-on fait en sorte de ne pas tout fonder sur la compétition
-les adultes participent au jeu, à leur façon. Essayez !